LES LOUP-GAROUS TRAVERSENT LE TEMPS
Pour les Grecs, et les Romains, le fait d'être transformé en loup était parfois considéré comme un châtiment divin, frappant toujours les mortels qui avaient sacrifié des victimes humaines. D'après Pline le Jeune, la métamorphose s'opérait alors que le " coupable " traversait à la nage les eaux d'un lac : en abordant la rive opposée, il était métamorphosé. Dès lors, il était condamné à errer dans la campagne, avec d'autres loups-garous, pour une période de neuf ans. Si, pendant tout ce temps, il s'était abstenu de manger de la chair humaine, il lui était permis de recouvrer sa forme antérieure, marquée toutefois par les ravages du temps. Au début de l'ère chrétienne, Ovide présente également la transformation comme une punition infligée par les dieux. Les métamorphoses offrent de nombreux exemples d'avatars prodigieux, depuis la création du monde jusqu'à Jules César.
Les Anciens, dont les mythologies parlent d'hommes-loups, disaient que celles-ci permettaient d'acquérir la force et la ruse d'une bête sauvage, mais que le loup- garou conservait voix et regard humains - ce à quoi, d'après eux, on pouvait d'emblée le distinguer d'un animal ordinaire. Les romains, eux aussi, attribuaient ces faits à la magie.
Plus tard, Pétrone, qui joua un rôle prépondérant à la cour de Néron, (empereur Romain du premier siècle P.C.N ) raconte une savoureuse histoire de loup-garou dans son célèbre roman picaresque, le Satiricon.
Ce même Pétrone (poète, homme du monde, arbitre des élégances, ami intime de Néron) cite aussi l'histoire que l'on raconte au cours d'un banquet - d'une orgie -, selon laquelle un légionnaire romain se transformait en loup-garou et il fut abattu par ses compagnons d'armes.
Au moyen âge, on vit les lycanthropes, devenus loups garous, jeter l'épouvante dans les villes et dans les campagnes.
Les sorciers opéraient cette métamorphose sur leurs ennemis, mais le plus souvent, ils l’opéraient sur eux mêmes, et sous cette forme nouvelle ils attaquaient, non seulement les troupeaux, mais encore les hommes, dont ils dévoraient la chair saignante ; ils pouvaient toujours, quand ils le voulaient, reprendre leur première forme, mais quand, par hasard, ils avaient reçu en se trouvant à l'état de loup, une blessure qui les avait privés d'un membre, ils gardaient, en redevenant hommes, l'empreinte de cette mutilation, et c'est par là que l'on parvenait souvent à les reconnaître.
Lycaon est le fils de Pélasgos, Lycaon roi d'Arcadie et ses cinquante fils étaient réputés pour leur impiété. Zeus décida de leur rendre visite sous l'apparence d'un pauvre paysan. Lycaon, pour savoir si cet étranger, à sa table, était un dieu, eut l'effronterie de lui servir un plat à base de chaire humaine ; celle d'un de ses fils.
Zeus indigné, repoussa au loin la table du festin, foudroya tous les fils du roi, sauf Nyctimos, qui monta sur le trône et changea en loup Lycaon.
Au 5ème siècle avant notre ère, Hérodote relate que les Grecs qui s'établirent sur les bords de la mer Noire considéraient les habitants de ces contrées comme des magiciens fort habiles, capables de se métamorphoser à volonté. L'historien grec parle d'une race d'hommes ayant le pouvoir de devenir loups et de reprendre, lors qu'ils le désirent, leur apparence humaine. On croyait, en ces temps lointains, que ces étranges mutations étaient le fait d'êtres anthropophages qui, par la pratique de la magie, prenaient l'apparence de l’animal pour satisfaire plus facilement leurs appétits monstrueux.
En Russie, les Bylines sont des chants narratifs populaires très anciens, un peu comme nos chansons de Geste (dans la littérature française). L'une d'elles, datant du 11 ème siècle) met en scène un preux chevalier Loup-Garou.
On croyait que ceux qui naissaient coiffés, avec une tache de vin ou des cheveux ressemblant à des poils de loup étaient des loups-garous. En général, on roulait la coiffe et on la gardait comme amulette ou on la cousait dans les vêtements. Elle était partout réputée pour porter chance.
Parmi les Serbes et les Slovènes, ainsi qu'en Pologne et chez les Katchoubes, on disait que les enfants nés coiffés, ou avec des cheveux ou une tache de vin, avait le don de double vue et de métamorphose. Bien que pouvant se changer en divers animaux, on disait qu'ils préféraient le loup hardi et assoiffé de sang. Au XVIéme siècle, l'Eglise de Russie se sentit obligée de condamner ces croyances dans le pouvoir de la coiffe et ses liens avec la lycanthropie.
Au début du 12ème siècle des LAIS (petits poèmes médiévaux) de Marie de France évoquent le Loup-Garou.
Par exemple, Bisclavret :
Un seigneur breton révèle imprudemment à sa femme qu’il se transforme parfois en loup-garou (bisclavret) et lui apprend qu’en dérobant ses vêtements, qu’il cache dans la forêt lorsqu’il est sous forme animale, on l’y maintiendrait pour toujours. C’est ce que fait bientôt la femme pour l’amour d’un autre. Plusieurs années après, le loup-garou, débusqué dans la forêt par la chasse du roi, sait suffisamment se faire comprendre de celui-ci pour que la vérité soit découverte. On lui rend, avec ses vêtements, sa forme humaine.
Dès le 16ème siècle, le personnage du Loup-Garou est ancré profondément dans les croyances VAUDOU (ou Vodou) en Haïti. C'est un Sorcier qui officie avec le Prêtre Vodou. Il fait partie de la dualité sociale Ordre-Désordre qu'il faut assumer par des rites magiques.
Le Scapin (le valet, héros comique de Molière) se transforme parfois en Loup-Garou pour échapper aux pièges qui le menacent.
Un ami du Surréaliste Magritte, l'écrivain français, Roger VITRAC, co-fondateur du Manifeste des Surréalistes, a écrit en 1938 un roman "Le Loup Garou", roman poétique où se mêlent la violence, l'humour noir et l'humour rose.
Boris VIAN (Ingénieur, homme de sciences, Trompettiste brillant de Jazz, écrivain de valeur "L'écume des jours", "J'irai cracher sur vos tombes", figure emblématique du Saint-Germain des Prés de l'après-guerre et inventeur du Verlan) a lui aussi écrit une nouvelle fantastique (Le Loup-Garou) qui ne sera publiée que longtemps après sa mort.
La Bête de Gevaudan fit couler autant d’encre que de sang sans doute et à ce jour, personne n’est encore sur de son origine !